vendredi 20 février 2009

L'arbitrage : débat d'actualité aux débouchés limités (partie 2/3 : la vidéo et le ballon à puce)


Une prise de recul par rapport à ces situations ne permettrait-elle pas de décider autrement et plus justement ? Autrement dit, l’utilisation d’un outil comme la vidéo ne serait-elle pas la meilleure manière de porter un regard plus réfléchi et plus juste sur une action ?

L’utilisation de la vidéo
D’après un sondage réalisé sur le forum de foot Soccer’s, 63% des amateurs de football semblent être pour l’utilisation de la vidéo dans les matchs.
Pourtant, l’IFAB (International Football Association Board) ne semble pas encline à progresser dans ce sens. La vidéo a bien été l’une des premières idées dans l’optique d’améliorer l’arbitrage, il n’en est pas moins qu’elle n’a jamais été testée.
En effet, le problème se posait de savoir comment juger de manière juste une action ; ce qui semble parfois difficile voire impossible à trois arbitres en situation de jeu.
Les arbitres sont aujourd’hui plus souvent critiqués dans leur performance (parfois même par des journalistes peu au courant des lois du jeu). Cependant, on fait souvent appel aux ralentis pour juger de la pertinence de la critique (aucun journaliste n’oserait juger de la performance d’un arbitre sans y jeter un coup d’œil). La solution serait alors toute trouvée : puisque le simple amateur de football semble apte à juger une action par l’utilisation de la vidéo, l’arbitre, avec ses années de formation et de pratique, ne commettrait plus d’erreur.
Pourtant, et comme dit précédemment, on est bien loin d’un test de l’utilisation de la vidéo en pratique ; comme peut en attester cet extrait de dépêche tirée du site du journal L’équipe de mars 2008, relatant les propos de Sepp Blatter, président de la FIFA : « Il faut que ce soient les arbitres qui continuent à prendre les décisions et non les machines ». Les moyens technologiques sont relégués au rang des idées abandonnées.
Pourtant, la volonté d’assainir le football est réelle et ce que le supporter, sans formation d’arbitrage au préalable, peut bien juger devant sa télé avec les ralentis, l’arbitre peut encore mieux le faire.
Pour l’ensemble des fléaux dans le football (jeux de mains dans les surfaces, simulations, gestes injurieux et/ou brutaux volontaires non vus par les arbitres), la vidéo semble apporter une réponse optimale…

Il ne semble pourtant pas idiot d’émettre plusieurs oppositions à l’utilisation de cet outil dans le football, au-delà de l’apparente incompatibilité avec les hauts décisionnaires.
- le rythme d’un match pourrait être complètement bouleversé par la vidéo. En effet, si l’on devait avoir recours à la vidéo à chaque fois que les joueurs semblent en désaccord avec l’arbitre, qu’en serait-il du spectacle offert aux spectateurs (d’autant plus que l’existence de la vidéo influencerait les joueurs à encore plus discuter les décisions arbitrales) ? Alors que le temps de jeu utile dans un match de foot ne dépasse pas l’heure, la vidéo ne ferait qu’aggraver ce problème. De plus, les joueurs seraient enclins à prendre un malin plaisir à demander la vidéo pour tout et n’importe quoi dans l’optique de gagner quelques secondes.
Alors, on pourrait imaginer arrêter le temps à chaque utilisation de la vidéo (comme au rugby), mais le match de quatre vingt dix minutes durerait en réalité trois heures.
Dans l’optique de ne pas dégrader le rythme du match et par conséquent la qualité de celui-ci, et par analogie avec le rugby, l’arbitre pourrait se conserver le droit de s’aider de la vidéo pour les actions importantes (comme dans la surface). Seulement, dans ce cas, il ne l’utiliserait pas pour des actions en apparence minimes telles qu’une touche, un coup franc lointain, un corner, qui peuvent au final avoir des conséquences lourdes (effet papillon qui a pu par exemple se vérifier lors du dernier OM – Nice avec une touche mal accordée aux Marseillais qui marqueront dans la foulée). Dans ce cas, la vidéo permettrait d’éviter des erreurs mais une infinité d’erreurs de manière très sélective (et peut-être par ce simple biais, une équipe pourrait se sentir lésée) au vu de toutes celles, en apparence peu graves, que peut commettre un arbitre pendant un match.
Par exemple, un arbitre qui ne fera qu’une erreur dans un match sans conséquence se verra récompensé d’une bonne note, alors que celui qui fera la même seule erreur, mais en influant sur le résultat final, aura une moins bonne note.
Une autre idée serait de désigner un arbitre vidéo (qui pourrait aussi être le quatrième arbitre aux fonctions bien limitées) qui pourrait voir en temps réel les ralentis d’actions litigieuses et informer l’arbitre central de la conduite à tenir. Mais alors on assisterait à des décisions en retard de plusieurs dizaines de secondes (le temps de passer le ralenti, de porter un jugement, et d’en avertir l’arbitre central). La question de la baisse rythme du jeu au profit de la justice se pose aussi dans ce cas.
Enfin, l’idée qui semble la plus juste avec la vidéo serait de permettre aux équipes, par l’intermédiaire de leur capitaine, de réclamer un nombre limité de recours à l’arbitrage vidéo (par analogie avec le tennis). Dans cette optique, on aurait une gestion dépendante de l’équipe même et les actions à revoir ne seraient plus le choix de l’arbitre mais des joueurs. Ce serait aux joueurs de savoir s’ils voudraient « griller » un recours à la vidéo pour se voir accorder une touche ou le garder pour une action en apparence plus importante.
Cette dernière idée pourrait représenter la meilleure concession possible entre la justice et la non moins importante question du rythme d’un match.
- L’observation d’une action à la vidéo, comme à vitesse réelle en situation de jeu, n’est qu’une question d’interprétation. De la même manière que deux arbitres adopteront deux décisions différentes pour un même type d’action en situation de jeu, deux arbitres peuvent être en désaccord pour une même action après avoir passé le ralenti en boucle. Pour exemple, le refus d’accorder un penalty de la part de M. Ivanov lors du match de coupe du monde France – Suisse en 2006, suite à une main de Patrick Müller, a été sujet à discussions. Et il fut étonnant de voir que deux anciens arbitres internationaux, aujourd’hui consultants à la télévision, ne tombèrent pas d’accord sur la décision à prendre. D’un côté Joël Quiniou donnait raison à l’arbitre tandis que de l’autre côté Alain Sars déjugeait M. Ivanov. Alors, en situation de match, le problème serait le même. On n’arrivera pas toujours à l’unanimité entre différents arbitres, que la vidéo soit présente ou non. Dans le cas des fautes de main, ne serait-il pas plus judicieux de réformer la règle (de la simplifier, car ce qui peut sembler être une faute aux yeux de tout le monde peut ne pas l’être aux yeux des lois du jeu).
On peut ajouter que la vidéo peut se révéler trompeuse. On peut changer de décision selon l’angle de vue. Pour exemple, le penalty accordé à la Norvège en 1998 face au Brésil avait été sujet à polémique et dans un premier temps majoritairement contesté avant d’être majoritairement approuvé par un angle de vue qui permettait de voir autrement (là se trouve l’idée de l’arbitrage à cinq dont on parlera plus tard). Autrement dit, il pourrait être dangereux de ne se référer qu’à la vidéo.
- Le football n’est pas un sport qui se juge au millimètre. Ainsi, l’utilisation de la vidéo pourrait décider de faits de jeu avec une précision millimétrique, inhumaine. Au-delà de l’aspect philosophique de se demander si le football doit se déshumaniser de la sorte, on s’opposerait aux consignes données aux arbitres de donner l’avantage au jeu. Le principal exemple est le hors-jeu : la question est de savoir si on doit signaler un joueur qui est hors-jeu de vingt centimètres. Il semble impossible à l’œil humain de déterminer une si infime longueur à une distance plus ou moins grande (selon que l’action se situe plus ou moins de l’arbitre assistant) avec des joueurs qui croisent leur course (pendant que le défenseur tente de placer un joueur hors-jeu en remontant le terrain, l’attaquant file vers le but adverse). Cependant, les commentateurs n’hésitent pas à discréditer l’arbitre à coup de révélateurs millimétriques (et de surcroît mal placés sur Canal +).
La seule question qui semble devoir se régler au millimètre est celle du ballon qui est sorti ou non des limites de terrain (avec pour nécessité ultime : celle d’être capable de déterminer si un ballon est rentré ou non dans le but). La vidéo aurait alors un usage primordial et analogue à celui de la vidéo en rugby qui n’a pour seul but que de valider ou refuser un essai.

Bien que l’on en discute encore, ce débat ne semble que devenir de plus en plus clos. La vidéo ne semble pas avoir sa place dans le football aux yeux de ceux qui décident de notre football.

Cependant, ces derniers ont proposé des moyens alternatifs pour remédier aux problèmes d’arbitrage…

Le ballon à puce
Cette idée a été émise il y a plusieurs années de cela et, contrairement à la vidéo, testée lors de la coupe du monde des clubs. Ainsi, ce système permet d’ôter tout doute quant à la question qui semble la plus importante dans le football : le ballon est-il ou non rentré ?
Aussitôt testé, aussitôt jugé, le ballon à puce a semblé ravir les instances d’après les dires de Günter Pfau, responsable Adidas à la FIFA : « Nous sommes très satisfaits. Aucun ballon n’a été endommagé, et tous les systèmes ont fonctionné sans encombre ».
Cependant, on n’a que très peu de nouvelles de cette idée qui semble être tombée aux oubliettes alors qu’elle répondait à de nombreuses injustices constatées à toute époque.
Ce ballon aurait certainement permis de déterminer à coup sûr si le ballon était entré en 1966 lors de la finale Angleterre – Allemagne, ou encore lors de la demi finale de Ligue des Champions Chelsea – Liverpool en 2005. Par ailleurs, les exemples de buts valables non validés ne sont pas tellement rares (Patrick Vieira face à la Corée du Sud en 2006 n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres).
La suite et fin dans un prochain article consacré à l'arbitrage à cinq et au fossé entre le football amateur et le football professionnel, ainsi que les 6 solutions de soyons-foot!

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