dimanche 22 février 2009

L'arbitrage : débat d'actualité aux débouchés limités (partie 3/3 : l'arbitrage à cinq, la commission de visionnage, le fossé foot pro/amateur)


Suite et fin de l'article débat sur l'arbitrage avec l'arbitrage à cinq, le fossé entre le football amateur et le football professionnel et la commission de visionnage. Et, finalement, les 6 solutions de Soyons-foot pour améliorer l'arbitrage...

L’arbitrage à cinq

Nous voilà entrés dans le vif de l’actualité avec cette idée qui a émergé bien après les deux précédentes mais qui semble être la plus encline à être testée lors de grandes compétitions et utilisée de manière définitive dans le football.
L’idée consiste à ajouter deux arbitres (on passerait alors à six arbitres pour être plus exact) qui se placeraient dans chacune des surfaces de réparation. L’apport essentiel, hormis celui d’apporter un nouvel avis sur une action litigieuse, est celui d’apporter un nouvel angle de vue. En effet, bien des fois un arbitre a justifié une décision par l’impossibilité de voir ce qu’il s’est réellement passé.
La principale différence vis-à-vis de l’arbitrage vidéo est qu’on ne touche alors pas au temps de jeu. De plus, on reste dans le cadre des limites humaines, confirmant ainsi la volonté des décideurs de garder le football « humain » : « C'est l'arbitre qui doit prendre la décision, pas une machine », explique Sepp Blater, président de la FIFA.
Les premiers tests à Chypre, lors de matchs internationaux de moins de 19 ans, ont été concluants, aux dires des observateurs et des arbitres qui ont officié avec ce nouveau système.
Cependant, on peut se tromper à cinq comme on peut se tromper à trois et certainement que la vidéo serait plus à même (malgré les quelques oppositions citées précédemment) d’éradiquer les problèmes que l’humain mais cette idée permet, sinon d’annuler, de diminuer les erreurs. L’un des principaux intéressés, qui a officié en arbitre central lors de ce tournoi, Tony Chapron a confirmé cette idée : « Notre système nous a donné un très bon contrôle sur la zone qui d'habitude nous échappe. Comme ça, on a un confort plus grand dans les décisions qu'on prend. Mais attention : cela ne veut pas dire que parce qu'on contrôle mieux, il n'y aura pas d'erreurs, mais elles se limiteront considérablement ».
Seulement, les tests ont été réalisés dans des conditions légèrement différentes de celles que l’on peut attendre dans les grandes compétitions internationales. Etre cinquième arbitre devant une tribune vide (voire pas de tribune) ou devant un kop de supporters ne revient pas exactement au même. En effet, et comme l’a avancé l’ancien arbitre Bruno Derrien, il ne paraît pas si évident de laisser un arbitre à quelques mètres de supporters parfois dangereux. A cela, on pourrait aussi répondre que les assistants (même s’il est très mobile) et le gardien de but sont constamment situés à faible distance des supporters sans que cela n’ait jamais embêté. Alors pourquoi devrait-on s’en inquiéter pour les hypothétiques arbitres auxiliaires supplémentaires ?

De plus, l’arbitrage à cinq permettra de réduire les fautes en ce qui concerne les surfaces de réparation. Mais il ne semble pas que les surfaces représentent le seul endroit où l’on constate des erreurs arbitrales. Aussi cruciales soient-elles, les erreurs dans ces fameuses zones de jeu sont loin d’être les seules à combattre. Et pourtant, l’objectif même de l’intégration de deux arbitres supplémentaires est celui-ci : assainir les surfaces. Que propose-t-on pour les hors-jeu par exemple ?

Enfin, ce perfectionnement de l’arbitrage qui semble être celui approuvé par les instances du foot implique des difficultés d’organisation non négligeables. En effet, l’emploi de cinq arbitres dans un match implique de couvrir moins de matchs en terme d’arbitres officiels mais de couvrir mieux d’autres matchs. Autrement dit, si on emploie deux arbitres de plus dans un match, ces deux arbitres ne pourront officier dans un autre. Ainsi, on aurait un système de coulissement des arbitres (qui monteront de division) qui se ferait aux dépens des divisions inférieures. On en arrive au fossé qui semble se creuser de plus en plus entre football amateur et football professionnel.

L’amélioration du football professionnel aux dépens du football amateur

Bien qu’on ne constate pas autant d’intéressés dans le football amateur que dans le football professionnel, pour des questions évidentes de médiatisation, on ne peut laisser ces passionnés du foot de côté… d’autant plus que ce qui concerne le football amateur concerne généralement aussi le football de jeunes, vivier des futurs professionnels de demain.
Il est édifiant mais tout du moins logique de constater le contraste existant entre un match de district et un match de première division professionnelle
- un seul arbitre officiel voire pas pour un match de district alors qu’un match professionnel mobilise plus d’une dizaine d’officiels dont quatre arbitres
- l’utilisation de systèmes de communication technologiques chez les professionnels inexistants chez les amateurs
- un ou plusieurs délégués s’occupant de ce qui passe autour du terrain chez les professionnels, alors que cette tâche incombe au seul arbitre officiel en district
- les actions litigieuses ayant échappé à l’arbitre sont décryptées au niveau professionnel après match alors qu’il est impossible de le faire en amateur

Et si l’une des principales avancées énoncées ci-dessus faisait son entrée dans le football, bien évidemment qu’elle ne bénéficierait pas (voire au contraire) au football amateur. Que ce soit le ballon à puce ou la vidéo, ces outils ne seraient mis à disposition qu’aux divisions supérieures du football.
De même, l’arbitrage à cinq favoriserait uniquement les divisions supérieures et joueraient même en la défaveur du football amateur. Car, comme expliqué précédemment, un arbitre mobilisé pour un match à cinq arbitres (et qui ne le serait pas normalement pour un match à trois) n’est pas disponible pour un match qu’il aurait arbitré avec les dispositions actuelles. Autrement dit, s’il faut augmenter de deux le nombre d’arbitres à chaque match, on se retrouverait avec des arbitres tous promus de division et des divisions inférieures fatalement moins servies en arbitres officiels. Les matchs de district seraient alors arbitrés par des dirigeants. Ce qui représenterait une avancée pour le football professionnel représenterait alors un recul pour le football amateur…

Les décisions après match : une solution pour faciliter l’arbitrage ?

Depuis peu, une nouvelle commission s’occupe du re-visionnage des matchs professionnels en France. Composée d’anciens joueurs, dirigeants et arbitres, elle permet de juger des actions a posteriori mal ou pas jugées par l’arbitre. Ainsi, rien de ce qui se fait sur le terrain ne peut passer inaperçu aux yeux de cette commission. Et finalement, n’est-ce pas là un moyen d’éradiquer certains problèmes récalcitrants dans le football d’aujourd’hui ?
En effet, jusqu’à maintenant, on a beaucoup plus constaté qu’agi en matière de simulations par exemple. Pourquoi ne pas sanctionner a posteriori des joueurs qui auraient abusé l’arbitre de matchs de suspension ? N’aurait-ce pas un effet dissuasif et ne permettrait-ce donc pas par conséquence de diminuer ces gestes d’anti-jeu qui pullulent sur les terrains de football ?
Un joueur qui se verrait « récompenser » d’un match de suspension éviterait certainement de réitérer une simulation. Ainsi, Fabrice Fiorèse avait été sanctionné de deux matchs de suspension après un penalty grossièrement obtenu aux dépens des Girondins de Bordeaux. Mais, cette décision a été bien isolée alors que les simulations se répètent à chaque match…
De même, pourquoi être si frileux à l’idée de déjuger un arbitre ? Alors qu’outre Manche, de nombreux rouges deviennent jaunes et vice-versa, en France, on n’ose pas toucher aux décisions de l’arbitre… pourtant ne serait-ce pas plus judicieux pour permettre « d’éduquer » les joueurs ? Un joueur coupable d’une faute brutale et qui ne se verrait recevoir qu’un jaune ne pourrait-il pas recevoir un rouge suite à une décision de la commission de visionnage ?
Les limites de cet arbitrage a posteriori seraient de ne pas pouvoir influer directement sur le score d’un match et donc de ne pas réparer l’injustice au moment du match mais simplement de sanctionner un joueur et par conséquent partiellement l’équipe pour le ou les matchs suivants…Mais, à long terme, ne peut-on pas y voir un excellent outil de dissuasion et d’éducation des joueurs ?
Toujours est-il que ce système est limité à certaines actions de jeu et ne peut rien en ce qui concerne d’autres faits de jeu comme les hors-jeu…

Les 6 solutions de soyons-foot

1) Tester, « grandeur nature » l’arbitrage à cinq sur des matchs professionnels pour pouvoir en tirer des conclusions définitives et décider d’une application généralisée ou non, tout en décidant d’une application avec parcimonie dans les divisions inférieures ou en favorisant la possibilité d’enchaîner dans la même journée un match en tant qu’arbitre principal avec un match en tant que cinquième arbitre (à la dépense physique très limitée) pour éviter d’handicaper le football amateur

2) Permettre aux équipes de disposer d’un nombre très limité de recours à la vidéo par l’intermédiaire de leurs capitaines, utilisables à l’arrêt de jeu suivant l’action litigieuse pour ne pas perturber l’action en cours (tout en demandant aux équipes qui voudraient disposer de ce recours de botter le ballon en touche si elles en gagnent la possession)

3) Avoir systématiquement recours à la vidéo pour les litiges concernant un ballon qui semble ou non être rentré dans le but, à l’arrêt de jeu suivant l’action ou alors sur décision de l’arbitre et reprise du jeu par une balle à terre

4) Renforcer la sensibilisation des arbitres au « laisser-jouer » sur des hors-jeu qui ne se jouent qu’à quelques centimètres de manière à favoriser le jeu et à le rendre plus humain

5) Réformer certaines lois du jeu telles que les fautes de main pour permettre de simplifier l’interprétation des actions litigieuses aux arbitres (en effet, plusieurs règles inutiles et complètement grotesques sont plus explicites et plus facilement applicables que celle qui fait souvent scandale)

6) Sanctionner plus durement les actes de simulations, gestes injurieux et/ou violents a posteriori

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